LA DANSE, SOURCE DE
CREATIVITE ET D'EMOTIONS
a) Pourquoi enseigner la danse à l’école ?
b) Les enjeux de la danse à l’école.
c) La démarche de création.
d) Répartition sur les trois cycles.
e) Une unité d’apprentissage.
f) Une séance.
g) L’évaluation
II. Quels en sont les obstacles sur les plans moteur, informationnel, cognitif, énergétique, affectif, social ?
a) Plan moteur
b) Plan informationnel
c) Plan cognitif
d) Plan énergétique
e) Plan affectif
f) Plan social
a) Présentation du protocole et objectifs.
b) Qu’est-ce qu’un Projet Artistique et Culturel ?
c) Pourquoi la danse contemporaine ?
d) Objectifs spécifiques d’un tel projet
e) Quelles sont les représentations des élèves ?
f) Présentation du projet.
a) A propos des objectifs généraux de l’EPS
b) Pédagogie du risque et compétences transversales
c) Perception et interprétation des risques
d) Les activités d’expression en question.
IV. DES SITUATIONS IMPLIQUANT UNE PRISE DE RISQUE.
d) Construire sur le thème de l’automne
ANNEXES
Le plan pour les arts et la culture (juin 2001) a choisi récemment de donner à l'art et à la culture, non plus un rôle secondaire, mais une place privilégiée dans les apprentissages. Dans le même esprit, les nouveaux programmes encouragent l'ouverture vers d'autres domaines et mettent en avant les activités artistiques, en particulier dans un axe créatif. Les arguments invoqués sont l'exigence pour tous d'épanouissement, d'égalité, de continuité (de la maternelle à la terminale) par la pratique d'une pédagogie plaçant l'art au cœur des enseignements.
La danse, en s'intégrant aux arts de la représentation (le corps, le geste, la voix, la langue), est l'un des domaines essentiels où l'expression, l'interprétation, les échanges se feront sans les mots, par l'intermédiaire du corps.
Ces ambitions existent depuis déjà longtemps dans le système éducatif, mais elles étaient préférentiellement intégrées aux pratiques physiques sous le terme d'expression corporelle, notion largement développée par Claude Pujade Renaud (danseuse, chorégraphe et chercheur), dans le but de prôner " une activité du corps autre que celles construites sur les modèles sportifs ". Les termes et les pratiques ont sensiblement évolué. Une distinction paraît claire maintenant: l'expression corporelle s'apparenterait davantage aux activités de mime, d'expression figurative, voire théâtrale, tandis que la danse s'inscrirait dans une recherche d'intériorité, de sensibilité kinesthésique profonde, d'un travail réflexif sur le corps, faisant intervenir l'imaginaire, la créativité.
Du fait de son ancrage au niveau d'un travail sur le corps, la danse
trouve tout naturellement sa place dans les programmes d'EPS. Cependant,
il serait plus exact et judicieux de ne pas enfermer ces pratiques dans
des catégories, mais plutôt d'envisager la danse selon un axe
transdiciplinaire, puisqu'en aucun cas, il n'est souhaitable de séparer
le corps et l'esprit. Jacqueline Robinson énonce d'ailleurs que "dans
la danse, le cœur parle par le corps en un discours filtré par l'esprit";
une relation étroite et indissociable qui illustre parfaitement cette
volonté de ne pas catégoriser l'activité.
LA DANSE : SOURCE DE CREATIVITE
INTRODUCTION
La créativité est un concept très utilisé dans notre société et aussi à l'école. Elle n'est pas l'apanage de la danse, mais est associée à toutes les formes d'art. H Lamour la définit ainsi: "c'est une aptitude intellectuelle, opératoire basée sur l'imagination, qui se caractérise par la capacité à trouver des solutions multiples à un problème (ou une tâche, une question)". Cette multiplicité de réponses est le caractère spécifique de la pensée divergente. L'imagination en est donc un des fondamentaux.
Le dictionnaire " Larousse " définit l'imagination ainsi : faculté de se représenter par l’esprit, de créer ou d’inventer des objets et des faits irréels.
Selon Georges Jean, l’imagination serait " la faculté de reproduire […] des images qui se matérialisent dans des textes, des gestes, des objets, des œuvres ".
Or, on sait combien cette faculté nécessite, pour la posséder, que les individus soient placés de très nombreuses fois, en situation de la mettre en œuvre; l'imagination permet également de prendre une certaine distance par rapport à la réalité, avec laquelle la confrontation n'est pas toujours évidente. Il apparaît comme essentiel de développer cette valeur afin, d’une part de participer à la réussite des élèves (développement de sa sensibilité artistique et créative) et d’autre part de favoriser un développement harmonieux de la personne, ouverte sur des formes de pensée divergentes.
A l’école cet enjeux peut prendre sa source dans toutes sortes d’activités artistiques dont la danse fait partie, en particulier dans son orientation contemporaine.
Jacqueline Robinson défend cette pratique et la définit ainsi : " La danse répond à des besoins fondamentaux, c’est pour cela qu’elle est chemin d’éducation. Elle met en jeu la triade " corps, cœur, esprit ", à condition de ne pas reproduire des formes: la danse doit être abordée de manière créative. "
Pour ce qui concerne ma pratique de cette activité danse, avec les élèves, j'ai sensiblement suivi le courant pédagogique en évolution, à savoir: en amont une pratique d'expression corporelle qui s'est progressivement muée en danse, au contact de professionnels et des courants de pensée récents.
Toutefois, les activités d'expression et de communication (APEX) ont toujours fait partie de mes choix pédagogiques, dans le cadre des différentes programmations d'activités. La danse a fait l'objet de mon dossier de titularisation et elle a toujours été intégrée à mes progressions, quels que soient les publics visés, les lieux, les structures disponibles…
Depuis deux ans, cet attrait professionnel pour la danse s'est intensifié grâce à la rencontre avec Patrick Le Doaré, danseur et chorégraphe rattaché à la scène nationale de Quimper. Travaillant avec des classes depuis plus de vingt ans, il a d'abord cherché à élargir son champ d'action en proposant une sensibilisation à la danse contemporaine à une large palette de classes volontaires. Puis, il a accru son action de formation avec certains enseignants, dans le but de parvenir rapidement à une autonomie de pratiques, qu'elles soient pédagogiques ou de création de projet.
Dans le même temps, un aspect fondamental de cette activité a retenu mon attention. La danse faisant partie des arts de la représentation, et s'inscrivant dans une logique de triple état (danseur, spectateur, chorégraphe), se pose bien évidemment les problèmes de confiance en soi, de respect de la différence, du regard des autres. Il m'a semblé intéressant d'essayer de cerner les représentations que les élèves avaient de l'activité, les différents comportements face aux sollicitations, le rôle des émotions et de la perception des risques encourus dans une telle activité.
Ce mémoire présente une part du travail réalisé dans le cadre du projet Artistique et Culturel (PAC), complétée par des actions parallèles et faisant l'objet de l'étude en question. Des constats ont été posés, des hypothèses sont parfois avancées. Quoi qu'il en soit, ce travail a permis d'effectuer premièrement une observation plus fine des élèves et de leurs réponses tous azimuts (étape souvent délaissée, faute de temps),et deuxièmement de mener une réflexion sur l'engagement de l'enseignant , étroitement lié à l'engagement de l'élève.
Outre le fait qu’elle réponde aux finalités
de l’école et qu‘elle fasse partie des nouveaux programmes, la
danse à l’école s’insère dans un processus très
ancien et durable de recherche de langage (corporel, individuel ou d’échange)
et de communication par le corps (dès la toute petite enfance et
tout au long de sa vie sociale). Marcelle Bonjour intègre ce processus
à l’apprentissage de la danse en lui donnant la valeur suivante :
" Le projet de danse s’inscrit dans une méthode d’élaboration
des langages : Construire un vocabulaire corporel différencié
et nuancé (aspect lexical), le mettre en jeu dans des règles
de composition et d’écriture diverses (aspect syntaxique), et mettre
en relation ces deux aspects pour construire du sens ( aspect sémantique)
" Ainsi, l’apprentissage et la pratique de la danse permettent à
tous les enfants d’entretenir cet aspect langage et communication et les
encouragent à le développer.
La démarche de création peut être
définie comme tel :
Comment se traduit-elle à l’école ?
d. Répartition
sur les trois cycles.
Au niveau de la répartition dans les trois
cycles, la démarche de création interviendra stade après
stade, en étant progressivement enrichie et complétée.
Cycle I : C'est pour l'élève une phase exploratoire où l'enfant a besoin d’action. En ACE (activités corporelles de communication) les productions sont éphémères, aléatoires et variées. Les réponses motrices sont spontanées. Les orientations pédagogiques vont permettre d’augmenter son potentiel d’actions motrices, dans des espaces variés, avec ou sans matériel, seul ou avec les autres ; mais toujours dans des situations qui ont du sens.
Cycle II : L'élève commence à structurer ses actions motrices, il analyse et progresse, les productions sont plus élaborées, il devient créateur. Les orientations pédagogiques vont permettre d’organiser le projet du ou des danseurs, en proposant des situations où on jouera sur les contrastes, les composantes du mouvement (corps, espace, temps, énergie, relations), . On commencera à construire la relation danseur / spectateur.
Cycle III : L'élève affine plus méthodiquement ses actions, il anticipe, il choisit des stratégies. Il construit son projet de création et de communication, avec effet sur les spectateurs. Les orientations pédagogiques vont permettre de favoriser la construction du projet, en leur faisant prendre conscience des contraintes et des ressources de chacun, en amplifiant la relation danseur / spectateur.
Les élèves du cycle II, tels qu'ils
viennent d'être définis plus avant, correspondent précisément
au public concerné par l'expérimentation et le projet danse.
En effet, ils seront capables, non seulement de proposer une variété
de réponses motrices, mais également, ils rechercheront
à les rendre plus lisibles. Pour cela, ils fonctionneront par essai
/ erreurs, imitation, expérimentation. Ces réponses, par
la verbalisation pourront être enrichies et seront intégrées
à l'ébauche d'un projet. Les élèves de CE1
concernés, sont déjà capables d'élaborer des
petites créations, ils sont d'ailleurs demandeurs. Par contre, les
difficultés rencontrées se situent au niveau de la construction
d'un projet plus structuré, plus lisible. Ce sont bien évidemment
des comportements appartenant davantage au cycle III. C'est pourquoi, à
ce niveau, l'engagement de l'enseignant est primordial. C'est essentiellement
sur lui que va reposer le projet de création, la phase d'écriture
finale. Les élèves font alors toute confiance à leur
référent adulte et acceptent de s'engager, à partir
du moment où la demande est clairement posée par l'enseignant
et de manière rassurante.
1 - Recherche de l'axe vertical, mobilisation articulaire de la nuque. |
2 - Mouvement simple, reproduit en boucle en jouant sur différentes énergies. |
3 - "Sculpter" un partenaire, en prenant conscience des limites articulaires et de l'équilibre. |
A ces principes, se succèdent ceux qui vont privilégier les relations entre danseurs. En effet, ces derniers ne peuvent intervenir que lorsque l'enfant aura déjà une bonne perception de son corps, dans toutes ses orientations. Un enfant ne pourra atteindre un état de concentration et d'écoute des autres que lorsqu'il sera parvenu à une bonne écoute de son propre corps. Seulement à ce stade de développement, pourra-t-il engager des échanges, des manipulations, des contacts, des créations par groupe efficaces, qui ne soient pas seulement une juxtaposition d'actions individuelles mais bien une relation ayant un sens.
A tous ces éléments, lors de l'élaboration d'une unité d'apprentissage, vient s’associer le processus de création, au cours duquel l’élève va passer d’une motricité ordinaire, habituelle à une motricité symbolique, inhabituelle. L’élève sera alors confronté aux phases successives suivantes : sollicitation, diversité, variété, enrichissement, choix individuels ou collectifs, construction, confrontation au regard de l’autre.
Il sera essentiel d'intégrer à cette unité d’apprentissage, des rencontres entre classes, présentation de travaux, des rencontres expression avec situations prédéfinies et réalisations propres à chaque groupe, des présentations regroupant des classes engagées dans des projets artistiques et culturels, avec différents artistes… Une séance.
Marcelle Bonjour, consultante auprès du Ministère pour la danse à l'école, définit une séance comme suit: "C'est une partie de projet, c’est une unité de travail qui fait sens en elle même. [ …] Morceau de vie qui devrait toujours conduire à réaliser un objet chorégraphique, aussi simple soit-il, avec un début, un déroulement, une fin (phrase, assemblage rythmé et lié de quelques éléments appris). "f. Une séance se décline généralement ainsi, selon la démarche de création.
Pour l’année 2001 – 2002, je suis inscrite
avec une classe de 3ème année de cycle II, dans
un projet artistique et culturel (PAC), intitulé " Ecriture en mouvement
", avec la collaboration de la compagnie Le Doaré. Ce projet fait
suite à un autre projet qui s’est déroulé au cours de
l’année 2000 – 2001, et qui consistait, au départ, en une découverte,
une sensibilisation à la danse contemporaine et qui s’est transformé
en une réelle écriture en mouvement, se finalisant par une
présentation sur scène, du travail de l’année.
Les quatre grands domaines pour la mise en place
de projets artistiques et culturels sont les arts de la représentation
(le corps, le geste, la voix), la musique, la danse, la littérature,
le théâtre, les arts visuels (le regard et la main),
les arts plastiques, le cinéma, la photographie, les arts de
la construction et de la culture de la mémoire, l’architecture
et le cadre de vie, le patrimoine, les arts du quotidien et le monde
de la science, les arts du goût, le design, les musiques actuelles,
la culture scientifique et technique.
Outre les compétences recherchées en EPS, un tel projet permet de provoquer la rencontre des élèves avec des artistes et des arts différents, de relier l'histoire de la danse et l’histoire des arts, de renforcer la formation des maîtres, de mettre en valeur les actions dans le cadre des rencontres nationales.
L’intervention d’un danseur dans la classe permet de donner une dimension artistique et culturelle aux programmes, il offre un regard neuf pour l’enfant et apporte sa magie. Cependant, il doit être attentif au fait d’être référent de danse, pour les élèves, sans être modélisant.
Il s’agit de construire le projet en commun dans une complémentarité de compétences. Le rôle de l’enseignant reste primordial puisqu’il en est le maître d’œuvre. Le projet va s’élaborer autour de plusieurs points : objectifs, compétences transversales et spécifiques, démarche, la démarche de création, les thèmes utilisés, supports, la relation aux autres champs disciplinaires, arts plastiques, langage, poésie, musique…, réalisations éventuelles, ateliers, spectacle, vidéo, exposition plastique, photos, dossiers d’élèves, durée de l’unité d’apprentissage, la fréquence, nombre d’intervention de l’artiste, rôle respectif des deux adultes, aide, logistique, observateur, danseur, photographe, matériel et lieu de pratique, budget prévisionnel, classe à PAC
Des temps de régulation pendant le projet et un bilan terminal sont essentiels. Un partenariat réussi doit conduire à ce que l’enseignant ait acquis de nouvelles compétences dans l’analyse et la construction de cette activité pour que la danse continue de vivre à l’école.
D’une part, retenir la danse contemporaine parmi
les autres styles de danses (jazz, folklorique, classique…), comme élément
privilégié pour atteindre certaines compétences attendues
en fin de cycles primaires, me paraît être un choix naturel
et judicieux. En effet, " La danse contemporaine devient l’occasion pour
l’élève d’exprimer son individualité face au groupe
et où elle lui permet de développer son potentiel créatif
". En danse contemporaine et comme le défend Patrick Le Doaré,
il s’agit pour les élèves de produire des formes et non d’en
reproduire. Ici c’est le corps qui s’exprime et non l’activité cérébrale
qui commande au corps. L’élève crée son propre langage,
ce qui suppose un engagement fort de la personne dans des dimensions motrices
et affectives.
" Au cours d’un tel projet, l’élève va apprendre à " Dire, Lire, Ecrire ". Dire : le corps bouge librement, on laisse le corps parler. Lire : on observe ce que le corps a dit, celui de l’autre et par transfert, on peut lire son propre corps. Ecrire : On fait des choix, on construit, on mémorise, en espérant être lu et provoquer une émotion, une vibration. ". D’autre part, choisir la danse, objet culturel, comme contenu d’enseignement est déjà, selon moi, ambitieux et courageux. Ce sont tous ces arguments qui ont influencé le choix de cette activité dans le cadre du programme d’EPS.
Il m’est apparu intéressant, après
trois mois de pratique, de sonder les représentations des élèves
sur la danse, afin de déterminer l’étendue de leurs connaissances
culturelles dans ce domaine et éventuellement d’en tirer des enseignements
et des axes de travail (questionnaire en Annexe II).
Voici de manière synthétique l’ensemble
des résultats obtenus.
QUESTIONS |
|
(14G et 10F) |
|
|
Quels types de danse connais-tu ? | Danse bretonne |
8G et 9F |
|
La danse bretonne est la plus connue, ce qui
s’explique facilement par une culture régionale bien implantée.
La danse classique est également bien référencée, essentiellement par les filles. |
Danse classique |
8F et 4G |
|
||
Danse sur glace |
2G 1F |
|
||
Danse jazz |
2G 2F |
|
||
Danse sous l’eau |
1F
|
|
||
Peux-tu citer le nom de danseurs ou de chorégraphes connus? |
Patrick
Le Doaré |
|
|
Ils
ne connaissent aucun autre danseur ou chorégraphe. Le nom chorégraphe
leur était d’ailleurs inconnu. Seul P. Le Doaré que nous avions
rencontré une fois était la référence connue,
commune à tous.
Quelques grands élèves d’un cercle celtique de Quimper ont été nommé par 1 élève. |
Où peut-on danser? | Dans une salle |
|
|
La formulation de la question a sans doute influencé leurs réponses. Cependant, il est intéressant de constater qu’à peine la moitié des élèves pense que danser peut se pratique partout. |
Sur une scène |
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Partout, ailleurs |
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Peut-on danser
sans musique ?
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Seulement avec musique
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Les arguments
évoqués pour défendre leur point de vue sont :
"Sans musique, on ne sait plus les pas, ce n’est pas joli, ce n’est pas facile, on n’a pas de rythme, on ne sait pas quand danser. On danse sans musique seulement pour s’entraîner, pour inventer. Certains dansent sans musique." |
Avec ou sans indifféremment |
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Es-tu déjà allé voir un spectacle de danse ? |
9G et 10F |
|
On peut considérer, au vu des résultats, que ce sont des élèves privilégiés, en ce qui concerne leur ouverture d’esprit sur l’art et la culture du spectacle, bien qu’ici, il a été très difficile de quantifier par enfant et de déterminer le style de danse auquel ils ont assisté. | |
As-tu déjà dansé lors d’un spectacle de danse ? |
2G et 2F |
|
Il
est fort probable qu'ils aient confondu spectacle et spectacle de danse.
Ces quatre réponses sont celles de 2 enfants pratiquant la danse bretonne et de 2 "gymnastes" qui se sont produits en musique |
Leurs réponses ont sans nul doute été influencées, en partie, par leur vécu, même minime, depuis le début de cette année, mais on peut constater une pauvreté toute naturelle au niveau de leurs connaissances de l’activité danse (selon tous les axes qu’elle possède). Il paraît bien évident que l’âge des enfants est aussi un facteur déterminant quant à la nature des réponses obtenues.
Il semble alors intéressant de leur faire découvrir de manière plus approfondie, ce domaine de l’art, à travers lequel ils vont avoir la possibilité de s’exprimer, de développer leur maîtrise corporelle, d’entrer dans la démarche de création propre à toutes les formes d’art.
En parallèle, davantage dans le cadre du programme d’EPS, une progression en danse est menée. Elle insère ces dernières données et en assimile d’autres, tout aussi essentielles, relatives à l’activité physique d’expression qu’est la danse. Cette progression et la programmation qui la définit sont situées en annexes III et IV.
Du point de vue de l’enseignant et dans le cadre de ce projet, les effets attendus seront de l’ordre, d’une part, de l ‘amélioration des comportements de type concentration, présence, écoute, mémorisation, rigueur, et d’autre part, du transfert de ces compétences dans d’autres champs disciplinaires ou pluridisciplinaires. Filmer les élèves à différents moments de l’année et dans des situations variées sera la modalité essentielle d’évaluation. Les critères retenus seront alors la concentration (qualité et quantité), l’observation des autres et la qualité des remarques, la mémorisation au niveau des consignes ou des phrases expressives et la rigueur dans les gestes.
La revue "Sciences humaines" de février 2002
consacre un dossier à la société du risque. Elle l'introduit
ainsi: " Depuis les années 70 – 80, la notion de risque s’est imposée
comme une entrée pertinente pour comprendre les sociétés
contemporaines et les défis auxquels elles doivent faire face.
"
Dans ces différents articles, les auteurs expliquent qu'il existe un paradoxe majeur, entre d'une part, cette société du risque qui se construit depuis une trentaine d’année, avec l’apparition et le développement des risques (professionnels, sanitaires, environnementaux…) et des comportements à risque des individus, des citoyens, ainsi que la valorisation de ces prises de risques plus ou moins inconsidérées (risques sportifs, de l’extrême, du frisson…), et d'autre part, une société sécuritaire, avec des conditions de vie de plus en plus sûres. Etymologiquement, le mot risque viendrait de l’italien risco, qui désignait l’écueil qui menaçait un navire de commerce. Les risques encourus par la société se sont largement diversifiés, depuis les risques du commerce au long cours, en passant par les risques financiers, les risques liés au travail, les risques environnementaux et naturels, (qui déboucheront d’ailleurs sur la notion de risques majeurs et de principe de précaution, tellement présent actuellement), les risques alimentaires, jusqu’à, récemment les risques liés aux manipulations du vivant.
D’un autre côté, l’amélioration des conditions de vie est indéniable. Les moyens de transport ont gagné en sécurité, l’espérance de vie n’a cessé de progresser, les progrès de la science sont fulgurants. A ce niveau, la notion de sécurité est un peu controversée, puisque d’une part, la science est censée trouver des solutions aux problèmes de la société, d’autre part elle est à l’origine d'excès ou de déviances et non des moindres.
En effet, la santé et la sécurité des personnes sont des sujets cruciaux, qui occupent nombre de conversations, débats, conférences. Il n’est ainsi pas étonnant, comme le développe Pierre-Henri Martinet que "les deux sujets les plus fréquents des " unes " des publications actuelles soient l’insécurité et le mal de dos" . Il explique que " le lien entre ces deux maux est la santé, santé de la personne, santé de la société, qui bien évidemment sont interactives". Il est donc parfaitement logique que ces deux sujets soient également au cœur du système éducatif. Il y est effectivement fait référence dans différentes disciplines.
Dans le cadre du milieu scolaire, l’un des moyens privilégiés, qui serait en mesure d’apporter des solutions à ces problèmes, est l’EPS, avec une culture préventive posturale et l’apprentissage de conduites motrices à risques mesurés, par une bonne prise d’informations.
Si l’on reprend les objectifs généraux
de l’EPS, on retrouve:
1 - " Développer chez tous les enfants et adolescents les capacités organiques et foncières ",
2 – " Transmettre les connaissances et les savoirs relatifs aux APS relevant de pratiques sociales appartenant à un domaine de culture ",
3 – " Offrir à chacun les connaissances concernant l’entretien de ses propres potentialités et l’organisation de sa vie physique aux différents âges de la vie adulte ".
Or, comme le précise P H Martinet, et comme
nous l'avons vu précédemment, la sécurité
et la santé sont deux pôles fondamentaux des aspirations humaines.
Cependant, un autre paradoxe est à mettre en évidence, c'est
celui qui oppose cette recherche de sécurité à une
recherche de prise de risques et de sensations nouvelles. " Les individus
cherchent à maintenir un niveau non nul de risques subjectifs ; trop
de sécurité nuit " ce qui expliquerait que la majorité
des accidents scolaires se produisent lors des séances d’EPS ou dans
la cour de récréation. " La sécurité est un
savoir en relation, un savoir qui se risque, qui s’éprouve. C’est
effectivement une culture ". Ainsi, poursuit-il, " enseigner la sécurité,
c’est s’engager dans une pédagogie motrice de la prise d’informations
multiples et interactives ".
Pour envisager cette pédagogie du risque,
et donc une "pédagogie motrice de la prise d'informations multiples
et interactives", relevons ce qui s'y réfère dans les nouveaux
programmes de l’école primaire. Un ensemble de compétences
transversales est clairement identifié, dans les terme de " S’engager
lucidement dans l’action " et " Mesurer et apprécier les
effets de l’activité "; ces deux dernières sont étroitement
liées. Elles sont développées en annexe V.
Ces compétences semblent a priori, avoir une résonance privilégiée au niveau de la compétence spécifique en EPS, de type " Se déplacer dans différents types d’environnements ", et peut-être, en particulier dans des environnements où réside un certain degré d’incertitude, comme les activités de pleine nature (escalade, orientation…) ou encore, des situations où la recherche de virtuosité est inhérente à l’activité, comme la gymnastique ou l’athlétisme ; sans prise de risque, il ne peut y avoir de progrès. Cependant, on peut aborder ces compétences davantage sous un angle émotionnel et concevoir cet engagement " lucide dans l’action " du point de vue des représentations que chaque élève a de lui même et des risques qu’il perçoit, des conséquences envisagées…
Si l’on considère les actions à visée
artistique, esthétique et expressive, il paraît évident
que, bien qu’aucune menace physique ne pèse sur les élèves
lors des actions réalisées, des choix ou des stratégies
employées, ils prennent indéniablement un certain nombre de
risques, en fonction de la tâche demandée, de leur manière
d’appréhender les différents paramètres qui les entourent
: l’espace, le temps, les autres, leur connaissance de leur schéma
corporel…, et de leur perception des risques encourus.
A ce sujet, Patrick Peretti – Watel chercheur au laboratoire de sociologie quantitative a publié récemment un ouvrage : la société du risque. Il y défend notamment que " A travers le temps et l’espace, d’une société à une autre, ou au sein d’une même société, suivant la place que nous y occupons, nous n’avons pas la même perception du risque. A chaque instant, chacun de nous est guetté d’une multitude de menaces, de la plus banale à la plus improbable, de sorte qu’il n’est pas humainement possible de toutes les prendre en compte. Dès lors, chacun doit bien effectuer un tri, se constituer en quelque sorte un " portefeuille de risques " , qui portera alors la marque de son appartenance sociale et des valeurs auxquelles il croit. Par conséquent, nos perceptions du risque ne sont pas indépendantes de notre identité culturelle, ni des rapports sociaux dans lesquels nous nous inscrivons. " Il en est de même, lors des activités d'EPS, pour les élèves. Ceux-ci seront plus ou moins sensibles, voire vulnérables à certains risques. Leur manière de les appréhender sera en corrélation étroite avec l'histoire de chacun, la perception qu'ils ont d'eux-mêmes, leurs capacités physiques…
Toujours selon P. H. Martinet, " la pédagogie du risque consistera donc à proposer des tâches motrices complexes, chargées ou saturées en informations diverses et de permettre à l’élève de les éprouver, de s’y éprouver, de les faire éprouver. Cela demandera pour l’enseignant et pour l’élève de l’audace, d’apprendre à oser et d’apprendre à oser oser. "
Il identifie d’autre part les principes d’action de cette pédagogie " relativité et humilité, autonomie, coopération, communication, intérêt et étonnement, diversité et incertitude des informations, prise de décision, composantes spatio-temporelles, connaissance du placement segmentaire, contrôle tonique, réglementation ". On y retrouve, sans conteste, les nombreux paramètres de l’activité danse.
Enfin ce professeur à l’IUFM de Grenoble
établit la liste des domaines dans lesquels cette pédagogie
du risque prendra pleinement effet. Y figurent entre autres " les activités
d’expression pour l’audace, la communication et la maîtrise posturale.
"
Quelles transformations peut-on observer en danse ?
Marcelle Bonjour définit ce changement d’état comme une " Mutation de la personne dans ses compétences créatives, relationnelles, de réalisation, de transposition, d’implication ".
Afin d'essayer de déceler des transformations chez les élèves, j'ai tenté de m'appuyer sur des critères rigoureux observés lors de certaines situations plus spécifiques, mettant en jeu une certaine prise de risque.
Chacune des situations est déclinée en
objectifs, démarche, réponses des élèves. Les
réponses des élèves sont à la fois identifiées
selon une hiérarchie de comportements (niveaux) et également
tels des transformations ou des indicateurs de progrès. Une tentative
d'analyse de ces transformations relatives à la prise de risque
suit la description
a. Situation 1"un déplacement mémorisé"
REPONSES |
----------------------------------------------------------------------------------------------------è |
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Motrices |
|
|
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Affectives |
|
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|
Energétiques |
|
|
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Informationnelles |
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|
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Cognitives |
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Des exemples de parcours sont placés en annexe VI.
Les transformations ne pourront s'opérer qu'à la condition qu'il y ait une meilleure prise d'informations, plus pertinente, plus sélective. On a ainsi pu observer des élèves qui, en début d'unité d'apprentissage, ont tracé un chemin très simple, très sécurisant, mais aussi un peu pauvre (parcours 1). A la suite de nombreuses situations de manipulation de l'espace, des rythmes, d'entraînement à la mémorisation d'actions, les élèves ont spontanément complexifié leur déplacement selon différents axes.
REPONSES |
----------------------------------------------------------------------------------------------------è |
||
Motrices |
|
|
|
Affectives |
- peu, voire pas d’extériorisation par rapport à l’axe du corps et donc à l’équilibre |
|
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Energétiques |
|
|
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Informationnelles |
|
|
- plusieurs changements d’orientation |
Cognitives |
|
|
|
Quelles conclusions pour cette situation ?
La prise de risque va se situer ici davantage au niveau de l’engagement moteur dans la situation. Les consignes sont claires et définies à l’avance. Plus un élève va accepter de jouer le jeu de la situation et le respect des consignes, plus la prise de risque sera grande pour lui, lors de la présentation aux autres. En effet, le corps sera alors mis en avant, avec tout ce que la personne a de particularités. Le corps ne peut mentir, il peut simuler ou dissimuler, mais au plus profond de lui, le corps se révèle et donne ce qu’il a à exprimer, de manière plus ou moins lisible. L’élève qui aura intériorisé les consignes et sera prêt à les extérioriser devant les autres, fait confiance à l’enseignant, reconnaît les contraintes comme étant primordiales mais rassurantes. Il se sent en sécurité ; la prise de risque reste alors du domaine de l’enseignant et des choix opérés pour proposer une situation signifiante, réalisable, mettant en jeu l’imaginaire des élèves, pour obtenir des réponses motrices chargées émotionnellement.Les transformations sont donc inhérentes à la perception
que chaque élève a de lui même et éventuellement
à l'évolution au cours de l'année de ces perceptions.
Cette évolution a été rendue possible pour certains
par la multiplicité des tâches proposées et par leur
caractère toujours rassurant car réalisable. Une meilleure
connaissance de leur schéma corporel, une meilleure maîtrise
de leurs émotions ont été acquises par la pratique et
la construction structurée des créations, avec interactions
positives danseurs / spectateurs.
c. Situation
3 " Des formes critériées"
Cette position doit pouvoir être prise de manière explosive avec retour à la normalité (position neutre) au signal. Les élèves font des essais puis un choix. Ils confrontent leur production aux autres qui donnent leur avis, proposent des rectifications, des idées… Cette forme est mémorisée. La même démarche est adoptée pour une position entièrement tournée vers le bas et une position moyenne, construite en comparaison des deux hauteurs précédentes. Ces trois positions mémorisées, les élèves doivent improviser, en fonction de leur propre " musique interne " et créer en aménageant des marches et des positions immobiles.
REPONSES |
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Motrices |
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Affectives |
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Energétiques |
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Informationnelles |
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Cognitives |
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Afin d'obtenir ces valeurs, et de surmonter les obstacles affectifs, un important travail visant une bonne mobilisation et coordination segmentaire a été mis en œuvre, ainsi que de nombreuses situations de groupe où le regard de l'autre aura été placé non pas en tant que critique négative mais nécessairement en tant qu'évaluation constructive. La confiance que l'élève a de lui même, des autres et de l'enseignant augmente. Il intègre cette notion de pensée divergente, partie intégrante de l'activité, qui accepte toutes les réponses, sans en privilégier une, unique. Ainsi, le corps se libère, les propositions personnelles s'enrichissent.
Sur ces photos, on peut voir quelques unes de ces formes que les élèves se sont mutuellement apprises.
On constate que le trio (photo 2) s'est engagé dans une forme plus risquée puisqu'il y a une perte totale de repères visuels par rapport aux repères habituels, tandis que le duo de garçons (photos 4) préfère garder des repères plus sûrs (regard horizontal, deux pieds à plat, forme peu éloignée de la position neutre…).
d. Situation 4 " Construire sur le thème de l'automne"
REPONSES |
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Motrices |
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Affectives |
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Energétiques |
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Informationnelles |
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Cognitives |
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Ici, le thème de l'automne aura pu intervenir
soit comme un inducteur précieux, soit comme un frein. En effet,
le risque est à cette étape pris par l'enseignant. Il risque
de ne voir apparaître que des réponses stéréotypées,
voire mimées, sans aucune imagination, aucun style personnel. Le
choix de tels supports nécessite donc une bonne maîtrise des
composantes du mouvement, afin de pouvoir les exploiter pleinement. Les
transformations observées seront donc étroitement liées
à la manière dont ce thème a été travaillé.
L'enfant prend le risque mais avec l'enseignant, selon ce qu'il perçoit
comme consignes, contraintes, indices de réalisation. Plus l'élève
aura pris conscience de son corps, de son espace, plus il aura recherché
tout seul sa propre motricité, plus alors les indices techniques
pourront être exploités et plus les réponses seront
riches. En parallèle, plus son imaginaire aura été
sollicité, et enrichi, plus les mouvements seront intériorisés
et amplifiés.
Situation 5 " Montrer et observer"
REPONSES |
TRANSFORMATIONS OBSERVEES
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Motrices | Contrôle tonique insuffisant :
relâchement musculaire
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Affectives |
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Affectives |
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Energétiques |
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Informationnelles |
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Cognitives |
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Cognitives |
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D’autre part, pour ce qui concerne la qualité de l’échange, lorsqu’un élève formule une opinion quant au respect ou non d’un critère, il s’engage lui même à respecter ce critère lors de la présentation de son travail. Il prend ainsi le risque de ne pas se tromper, de s’impliquer totalement, de solliciter toutes les ressources pour atteindre la réussite dans ce domaine ; qu’elle soit émotionnelle, corporelle ou d’espace…
Enfin pour ce qui est de montrer sa production, il est évident qu’affronter le regard du spectateur ou de l’observateur est très sollicitant du point de vue affectif.
Un certain nombre d’élèves se trouvent confrontés au problème d’une trop grande émotivité, d’une angoisse forte qui ne leur permettra pas de mettre en avant, de manière optimale, leurs compétences et leurs connaissances de la tâche et de la façon de la traiter. Cela se traduit par des erreurs, des tremblements, des pertes d’équilibre, des oublis, des " fuites ", des actions involontairement restreintes.
Nicole Imberty explique que " montrer engage une réelle communication avec ceux qui regardent. Il s’agit pour certains d’une prise de risque car c’est le corps qui s’expose, qui danse. Une éducation du regard s’impose pour poser son regard sur ce que danse l’élève et non plus sur l’élève qui danse ; c’est à dire dissocier le sujet de l’objet produit ".
Afin de parvenir à un mieux être chez les élèves concernés, il est déjà essentiel qu’ils essaient de faire face à ces situations. Ainsi, pour chaque situation, une phase de communication est associée. Il s’agit ensuite de les mettre en confiance quant au rôle de l’ " évaluation " : montrer. On peut observer une évolution des réponses des élèves. Leurs premières remarques sont essentiellement des critiques négatives, très fortement orientées vers un autre élève, nommé, repéré. Puis, progressivement, en insistant sur le rôle de l’observation, de manière à ce qu’elle serve à tous, les élèves tentent de se décentrer du danseur observé et de généraliser, de ne plus nommer, mais de parler de la tâche, du sujet ; compétence extrêmement complexe pour des élèves de cycle II, mais qui peut tout de même être abordée.
Enfin, on peut observer également une évolution quant à la prise en compte des remarques effectuées précédemment. Par l’action répétée d’observations et de commentaires formateurs, les élèves se sentent de plus en plus concernés et tentent de répondre de manière plus fine aux critères attendus.
En danse contemporaine, adaptée à l’école, la technique n’est pas un élément indispensable, il ne s’agit pas de reproduire des gestes ou des techniques. Au contraire, l’aspect intérieur du mouvement est valorisé, les réponses personnelles, l’appropriation individuelle aux sollicitations sont les éléments recherchés et encouragés.
L’enseignant qui s’engage dans une telle pratique avec sa classe, engage par la même occasion l’ensemble de ses élèves. En effet, ils vont devoir répondre aux tâches proposées et il est difficile, voire impossible de n’y répondre que partiellement. Donc, quels que soient les comportements des enfants, il faut savoir que leur personnalité, leur histoire, leur manière d’appréhender les relations avec les autres seront étroitement liées à l’appropriation de la tâche et à son traitement. L’enfant se place inévitablement à découvert, même et peut-être surtout lorsqu’il n’intègre pas correctement les critères attendus.
La questions que l’on peut se poser est, bien entendu, celle qui porte sur les raisons d’une mauvaise appropriation de la tâche. S’agit-il d’obstacles moteurs, informationnels ou affectifs. Il paraît important de pouvoir y répondre puisqu’il est évident que les obstacles affectifs peuvent perturber l’ensemble des compétences et inhiber totalement les réponses attendues.
Le fait que l’activité prenne en compte les trois rôles : danseur, spectateur, chorégraphe, la relation à l'environnement et aux autres sera rendue transparente pour son entourage, c’est ce qui peut provoquer une réaction d’angoisse, chez un élève particulièrement timide.
A partir d’une bonne analyse des réactions, des réponses des élèves, l’enseignant pourra orienter les situations de manière à rechercher une meilleure gestion de cette émotivité. Il sera particulièrement attentif à la formulation des " critiques " par les observateurs, il privilégiera les situations de communication duelles ou de petits groupes. Il donnera ainsi à l'élève confiance en lui même, en ses pairs, en l'enseignant et en l'activité, support d'apprentissage.
Pour l’enseignant, le caractère spécifique de cette activité, qui par essence est donnée à voir, et qui nécessite une observation, apporte des renseignements précieux sur les échanges que l’élève entretient avec ses pairs, avec le monde extérieur, avec l’espace et le rythme, et aussi avec son propre corps, avec ses émotions, la perception qu’il a de lui même. Ces renseignements n’auront que pour simple ambition d’aider l’élève à surmonter certaines difficultés, certaines inhibitions qui pourraient avoir des répercutions sur l’ensemble des apprentissages et sur le développement de l’individu dans son ensemble. Il s’agit bien là de l’un des objectifs de l’EPS et des domaines artistiques.
Au cours d’un projet de ce type, des évolutions sont remarquables dans les domaines moteurs (connaissance de son schéma corporel), informationnels (espace et temps), cognitifs (concentration et mémorisation), affectifs, en particulier pour tout ce qui concerne la relation aux autres et la confrontation avec ses émotions. Et toutes ces transformations permettront de concourir à une meilleure gestion des émotions.
Le pari serait que ces transformations, plus particulièrement dans le domaine affectif, puissent être transférées dans d’autres domaines, dans la vie quotidienne, avec des changements tellement durables qu’ils parviendraient à influencer positivement la vie future de l’élève.
Des fiches d’observation ANNEXE
I
NOM : DATE : |
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Dans la composition avec des cerceaux, on a pu voir : |
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Danseurs : Date : | |
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NOM : DATE : | ||
Dans la composition " en 8 temps ": |
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Questionnaire danse ANNEXE II
Voici un questionnaire. Tu vas essayer de le compléter le mieux que tu peux, en donnant le plus de réponses possible.
Tout d’abord, précise Tu es une fille / un garçon Ton âge : ………
……………………………………………………
……………………………………………………
…………………………………………………..
……………………………………………………
……………………………………………………
…………………………………………………………………………………………………
………………………………………………………………………………………………
…………………………………………………………………………………………………
………………………………………………………………………………………………
Pourquoi ? …………………………………………………………………………………
……………………………………………………………………………………………….
Combien de fois ? ………………
Est-ce que ça t’a plu ? ………………
Pourquoi ? …………………………………………………………………………………
……………………………………………………………………………………………….
Combien de fois ? ………………
Est-ce que ça t’a plu ? ………………
Pourquoi ? …………………………………………………………………………………
……………………………………………………………………………………………….
Pourquoi ? …………………………………………………………………………………
……………………………………………………………………………………………….
Des parcours mémorisés
ANNEXE VI
1 |
2 |
3 |
4 |
5 |
Programmation danse ANNEXE III
OBJECTIFS GENERAUX: |
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COMPETENCES SPECIFIQUES: | OBJECTIFS ASSOCIES : |
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Exprimer corporellement des personnages, des états, des images, des sentiments
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Communiquer aux autres des sentiments ou des émotions. |
Donner du sens et de la lisibilité au mouvement Accepter le regard des autres sur sa production |
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S’exprimer de façon libre ou en suivant différents rythmes, sur des supports sonores divers, avec ou sans engins. |
Connaître son schéma corporel pour construire ou reproduire des unités gestuelles
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COMPETENCES TRANSVERSALES : |
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S’engager lucidement dans l’action
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Construire de façon de plus en plus autonome un projet d’action |
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Mesurer et apprécier les effets de l’activité |
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Se confronter à l’application et à la construction de règles de vie, assumer sa place dans le groupe. |
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OBJECTIFS |
"se concentrer" |
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Construire |
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1 1 séance
Mobiliser son corps dans l’espace
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2 2 séances
Développer l’écoute et les relations entre danseurs |
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3 1 séance
Utiliser la maîtrise de l’espace pour exprimer des sentiments |
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4 1 séance
Rechercher l’amplitude et l’énergie dans les mouvements |
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5 2 séances
Utiliser l’espace de déplacement et ses composantes |
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6 2 séances
Utiliser des énergies différentes et mémoriser pour exprimer des actions |
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OBJECTIFS |
"se concentrer" |
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Construire |
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7 1 séance
Rechercher différentes énergies et différents niveaux pour chuter |
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…… ….. ….. |
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8 1 séance
Utiliser des énergies et des niveaux différents pour exprimer des éléments naturels |
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9 1 séance
Utiliser des énergies et des niveaux différents pour rechercher l’inhabituel |
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O = une forme haute, basse ou chute ……. = marche ou course € = position neutre et présentation individuelle |
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10 1 séance
Mobiliser le corps entier pour se déplacer et s’immobiliser de manière inhabituelle avec engin |
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w = une forme haute, moyenne, basse ……. = déplacement inhabituel ou marche ou course € = position neutre |
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11 2 séances
Reconnaître et reproduire la pulsation
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OBJECTIFS |
"se concentrer" |
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Construire |
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12 2 séances
Utiliser l’écoute et le regard pour prendre des informations sur les actions des autres |
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13 2 séances
Rechercher la variété des surfaces corporelles en contact entre danseurs
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X = 2 formes à deux, tenues 4 temps à = 2 modes de dialogue --- =3 marches ou courses |
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14 2 séances
Rechercher des regroupements variés entre danseurs |
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15 1 séance
Rechercher l’écoute entre deux danseurs pour reproduire |
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……. = marche ou course ou autre € = position neutre ø = chute au choix |
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16 2 séances
Identifier rythme et tempo et les utiliser dans une création |
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EVALUATION |
POLYVALENCE |
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. |
NATATION
GYMNASTIQUE
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COURIR
GYMNASTIQUE Ateliers :
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COURIR
SAUTER
LANCER
NATATION
GYMNASTIQUE
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EPS
ESPACE Le plan d’un parcours (ateliers) METHODES DE TRAVAIL
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GS / CP / CE1 GS: 1/2 année CP / CE1: année complète GS / CP / CE1
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Se déplacer dans différents types d’environnements.
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ESCALADE / GRIMPER
NATATION
|
ESCALADE / GRIMPER
|
ESCALADE / GRIMPER
NATATION
|
EPS
VIE SOCIALE
DECOUVERTE DU VIVANT
|
CE1 GS / CE1 GS: 1/2 année CP / CE1: année complète |
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JEUX COLLECTIFS
JEUX DE RAQUETTES
|
JEUX COLLECTIFS
HOCKEY
JEUX DE RAQUETTES
|
JEUX COLLECTIFS
JEUX DE RAQUETTES
|
VIE SOCIALE
LA MATIERE
|
CP / CE1 GS / CP / CE1 CE1 CP |
|||
Concevoir et réaliser des actions à visée artistiques, esthétiques ou expressives. |
GRS
|
CORDES
|
GRS
|
LE VIVANT
|
CP / CE1 GS / CP |
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COMPETENCES TRANSVERSALES | A – S’engager lucidement dans l’action :
|
B – Construire de
façon de plus en plus autonome, un projet d’action :
|
C – mesurer
et apprécier les effets de l’activité :
|
D – Se
confronter à l’application et à la construction de règles
de vie. Assumer sa place dans le groupe :
|
" S’engager lucidement dans l’action " Au cycle I, l’enfant devra être capable de " oser s’engager dans différentes actions, dans des environnements proches et aménagés, avec ou sans matériel, dans le respect des règles et de la sécurité, éprouver, ressentir, accepter des sensations motrices inhabituelles, des émotions ". Au cycle II, il est spécifié " S’engager dans des actions progressivement plus complexes (plus risquées, plus difficiles…), reconnaître, exprimer, contrôler ses émotions et leurs effets dans des situations diversifiées[…] " Au cycle III, il est indiqué " choisir des stratégies d’action efficaces, anticiper sur les actions à réaliser, contrôler ses émotions et leurs effets, gérer ses efforts[…] ".
" mesurer et apprécier les effets de l’activité
". A tous les niveaux de l’école primaire, l’enfant devra être
capable, suivant des contraintes plus ou moins exigeantes, de " prendre,
lire, apprécier des indices variés et plus ou moins nombreux,
prendre des repères dans l’espace et le temps et les mettre en relation,
prendre conscience de ses capacités et des ressources corporelles
et affectives, mesurer les risques pris, donner son avis, évaluer,
juger une performance, une production, selon des critères précis
".